Aller couvrir un concert local pour un blog, c’est toujours un petit frisson : l’odeur de la salle, les discussions en coulisses, l’énergie brute sur scène. J’ai appris au fil des années que réussir un compte-rendu ne tient pas qu’à la qualité du son ou des photos : c’est une question d’angle, de rythme dans l’écriture et d’un regard personnel qui transforme une simple soirée en récit. Voici ma méthode, testée sur festivals, salles de quartier et cafés-concerts.
Choisir son angle avant la date
Avant même d’appuyer sur le déclencheur ou d’écrire le premier mot, je me pose trois questions : pourquoi ce concert vaut-il une chronique ? Quel élément original je veux mettre en lumière ? Quel public va me lire ? Ces questions déterminent l’angle — et un bon angle évite le compte-rendu descriptif et plat.
- Angle historique / de contexte : replacer l’artiste ou le groupe dans une lignée (ex. : un jeune groupe qui réinterprète le rock garage local).
- Angle humain : raconter l’histoire d’un membre du groupe, d’un technicien ou d’un public particulier.
- Angle technique : se concentrer sur la production, le son, l’éclairage — utile si vous ciblez des lecteurs musicos ou des professionnels.
- Angle découverte : présenter un artiste émergent comme une pépite à suivre.
Définir l’angle avant le concert me permet d’écouter avec attention les éléments pertinents et de ne pas me perdre dans des détails inutiles.
Préparation pratique : matériel et logistique
Je n’ai pas toujours un sac pro et pourtant il suffit parfois de quelques accessoires bien choisis pour faire la différence :
- Un appareil photo compact à capteur APS-C ou un smartphone récent (iPhone, Pixel) avec un bon mode nuit.
- Un objectif lumineux si vous avez un vrai reflex / mirrorless (50mm f/1.8 ou 35mm f/1.8 pour la polyvalence).
- Des batteries de rechange et une carte SD rapide. Rien de pire que d’être à court de stockage au moment du rappel.
- Un petit carnet Moleskine et un stylo — j’écris encore parfois des notes papier, surtout en interview impromptue.
- Des bouchons d’oreille filtrants (EarPeace, Alpine). Protéger ses oreilles, c’est essentiel.
Si le lieu l’autorise, je demande une accréditation photo ou une permission de faire des prises pendant 2-3 titres — cela change complètement le rendu des images. Sinon, mieux vaut anticiper et privilégier des angles créatifs depuis le public.
Prises de notes efficaces pendant le concert
Les notes prises sur le vif sont la matière première du compte-rendu. Voici ce que je note systématiquement :
- Les titres joués marquants et leur placement dans le setlist.
- Les moments forts : un solo inattendu, une jam, une reprise, une interaction avec le public.
- L’ambiance : est-ce intimiste, surchauffé, plein d’ironie ?
- Les détails visuels : tenue, dispositif scénique, lumière, éléments de décor.
- Les réactions du public : chants, larmes, pogos, silences.
Je privilégie des notes courtes et codées (ex. : “3e titre = montée synth ; son creux sur basse ; public calme → applaudissements courts”). Cela me permet de garder le flux sans rater l’essentiel.
La photographie : raconter visuellement
Pour moi, une bonne photo de concert raconte une histoire sans légende. Voici quelques règles simples que j’applique :
- Capturer l’émotion : viser les visages, les regards, la sueur, les mains. Ce sont ces plans qui touchent.
- Varier les plans : gros plans sur l’instrument, plans larges pour la scène, détails (pédales d’effet, micro, setlist au sol).
- Jouer avec la lumière : utiliser les projecteurs pour obtenir des silhouettes dramatiques ou des contre-jours.
- Pensez à la post-production : un léger réglage de contraste, de balance des blancs et un recadrage peuvent sublimer une image prise en conditions difficiles (Lightroom, Snapseed).
Je crée souvent une mini-série photo pour l’article : couverture (image forte), plan scène, plan public, détail — ce format facilite la mise en page et le rythme visuel.
Structurer le compte-rendu pour le blog
Il faut ensuite transformer l’expérience en texte lisible et vivant. Ma structure préférée :
- Accroche : une phrase d’ouverture qui plante le décor et le ton (ici j’aime une image sensorielle).
- Contexte : quelques lignes sur l’artiste, l’événement, pourquoi c’était attendu.
- Le récit du concert : scènes clés dans l’ordre, entrecoupées de commentaires et d’observations.
- Analyse : ce qui a fonctionné/moins bien, production, setlist, performance.
- Recommandations : à qui s’adresse ce groupe, quelles pistes à écouter ensuite.
J’essaie d’écrire au présent pour donner de l’immédiateté, et d’alterner descriptions et commentaires pour garder le rythme. Je cite des extraits de paroles seulement si c’est pertinent et je respecte toujours le droit d’auteur.
Interviews et citations : rendre la voix des artistes
Quand j’ai l’occasion d’échanger avec les artistes, même cinq minutes suffisent pour ajouter une dimension humaine. Mes conseils :
- Préparer 3 questions ouvertes (inspirations, processus, projet en cours).
- Privilégier l’écoute active — une réponse peut déboucher sur une anecdote qui fera l’article.
- Demander l’accord avant de publier une citation directe.
Les petites anecdotes (une tournée annulée, une rencontre marquante, une chanson née d’un matin pluvieux) transforment une chronique en récit vivant.
Un outil pratique : checklist et timeline
| Avant | Pendant | Après |
|---|---|---|
| Demander accréditation, préparer matos, choisir angle | Prendre notes, photos, enregistrer rapide interview si possible | Tri photos, écrire premier jet, contacter artiste pour vérif citations |
Ce tableau simple me sert de mémo et évite les oublis de dernière minute.
Publier et promouvoir
Sur Lastbarons, je publie souvent dans les 48 heures pour garder l’actualité ; le souvenir est encore frais et les lecteurs veulent des comptes-rendus rapides. J’accompagne l’article d’une playlist Spotify si possible (extraits joués ce soir-là, influences citées) et je partage le lien sur les réseaux : Twitter/X pour les échanges rapides, Instagram pour les images, et Facebook pour toucher les programmateurs locaux.
Enfin, je n’hésite pas à taguer l’artiste et la salle : souvent ils repartagent, ce qui augmente la visibilité de l’article et nourrit de bonnes relations pour des futures invitations.